„La nouvelle capitale du Prince: Aurélien Bellanger, Le grand Paris (2017)“
Vortrag auf der Tagung Polémiquer – Provoquer – Scandaliser von Peter Kuon, Universitäten Salzburg und Bordeaux, Ende Juni 2017.
Abstract
Depuis les présidentielles de 2007 environ, on peut constater l’essor de romans qui mélangent réalité et fiction dans l’imagination des protagonistes politiques : en 2017, par exemple, le succès de Marine Le Pen dans les deux tours des élections. Ce type de politique-fiction donne un récit plus ou moins grotesque, scandalisant, cynique de notre présent ou de notre avenir proche.
Après la parution de son premier roman sur la révolution numérique, La théorie de l’information (2012), on avait déjà comparé Aurélien Bellanger à Michel Houellebecq.[1] Le deuxième roman, L’aménagement du territoire (2014), traite de la disposition spatiale des technocrates (pour n’en citer que la spéculation immobilière et le train à grande vitesse). La « fiction moderne et pamphlétaire » (Marianne) du troisième roman, Le Grand Paris (2017) raconte le projet politique, en 2007, du « Prince » Nicolas Sarkozy d’« offrir à son peuple une nouvelle capitale »:
Ce serait alors la fin définitive de ce scandale urbanistique qui durait depuis des siècles, ce serait la fin des banlieues, de cette ville indistincte égarée loin des villes, ville qui était étymologiquement celle des bannis et qui était restée un lieu de relégation, avant de devenir celui d’une interminable crise qui ressemblait de plus en plus à une guerre civile.
Les transformations historiques de la topographie de Paris nous racontent le déclin de la France :
Le débat public et démocratique que la municipalité s’apprêtait à ouvrir serait hélas de nature à durablement empoisonner les relations entre les Parisiens et l’urbanisme. Les enquêtes publiques allaient évidemment permettre au peuple de Paris, et plus particulièrement aux habitants privilégiés du Ier arrondissement, d’avouer, aussi soulagé sans doute que les habitants de la grande couronne quand ils finissaient par confesser qu’ils votaient pour le Front national, qu’il détestait les Halles […]. Et le trou qui avait succédé aux pavillons détruits allait servir, pendant la décennie suivante, de lieu commun facile sur l’inanité du progrès, sur l’échec du gauchisme, sur le martyre de Paris, sur le suicide culturel de la France et son absorption terminale par le trou noir de la société de consommation, dernière et plus dangereuse des hérésies millénaristes.
En transformant l’infrastructure de la capitale, l’urbaniste Alexandre Belgrand, « descendant d’un collaborateur du baron Haussmann » (Libération), a pour projet la construction d’une nouvelle société. Ce roman nous sert d’exemple pour discuter le scandaleux et le pamphlétaire dans la littérature contemporaine.
[1] Élisabeth Philippe, „Aurélien Bellanger, le nouveau Houellebecq?“, Les Inrockuptibles, 20 août 2012; Sylvain Bourmeau, „La Théorie de l’information, un puissant avatar de l’époque“, Libération, 23 août 2012.